La Movida. Spagna 1980-1990

Après 40 ans de dictature militaire et avec la fin de la censure, les années 1980 et 1990 ont vu le début d'une période de construction de la nouvelle Espagne démocratique, qui a laissé un héritage sombre pour faire son chemin en Occident. Alors que les générations précédentes façonnent un nouveau cadre politique, les plus jeunes se concentrent sur la jouissance du nouveau régime de liberté, et la Movida devient l'image excessive de cette nouvelle Espagne montante : jeune, sauvage, irrévérencieuse, colorée, hédoniste et libre.

Les chansons et les photographies, ainsi que le cinéma, ont été le parfait corrélat du changement politique espagnol des années 1980. Mais Miguel Trillo, au lieu de partager la fascination de sa génération pour les nouvelles idoles musicales, s'est arrêté pour regarder le public qui a fait des musiciens des stars de la culture de masse. Sur ses photos, l'appareil tourne le dos à la scène et se concentre sur les spectateurs. Et il ne le fait pas de manière furtive, comme le reporter ou le chercheur qui veut saisir un moment évanescent : les protagonistes des photographies de Trillo sont conscients que l'appareil les fixera à jamais dans le temps, et ils s'efforcent de montrer qui ils sont du mieux qu'ils peuvent.

Ces images témoignent de l'émergence d'une nouvelle culture dans laquelle nous sommes désormais immergés, où le son et l'image ont remplacé le mot comme élément central.

La movida. Spagna 1980-1990 est la première exposition d'un cycle organisé par l'ambassade d'Espagne en Italie, qui vise à présenter cette période fondamentale de l'histoire récente de l'Espagne à travers la génération de photographes qui a émergé au cours de ces années.

MIGUEL TRILLO (Jimena de la Frontera, Cádiz 1953)
Diplômé en Imagen et Lingüística Hispánica, il dresse le portrait de jeunes gens dans un contexte musical depuis les années 1970. Dans les années 1980, il se concentre sur les protagonistes non célèbres de la Movida Madrileña et commence à présenter ses photographies dans des galeries d'art, ainsi qu'à éditer anonymement les six numéros du fanzine Rockocó (1980-1984), qui font aujourd'hui partie de la collection du Museo de Arte Contemporáneo Reina Sofía de Madrid.
Au début des années 1990, il réalise un portrait de la jeunesse espagnole dans six petites villes, qu'il expose à la galerie Moriarty (Madrid, 1992) sous le titre Souvenirs, et publie un ensemble de cartes postales touristiques sous forme de catalogue. Entre 1993 et 2004, il a développé la série Geografía Moderna, un voyage à travers les frontières linguistiques ou territoriales de la péninsule ibérique, dont les portraits ont été publiés sous forme de timbres-poste.
Son parcours international a débuté en 1999 avec la série Habaneras, un travail de deux ans sur les travestis à Cuba. Le projet Afluencias. East Coast, West Coast, montre les similitudes entre les esthétiques underground des États-Unis, du Vietnam et du Maroc. Il travaille actuellement sur deux séries : Asiatown, sur la culture des jeunes dans les mégapoles asiatiques, et Ficciones, un voyage dans le monde des mangas, des otakus et du cosplay.
Son travail a été exposé dans certains des plus grands centres de photographie du monde ; en 2009, le Centro Andaluz de Arte Contemporáneo de Séville et la Sala Canal de Isabel II de Madrid ont organisé conjointement sa première rétrospective, Identidades. En 2014, il a exposé Afluencias à la Tabacalera de Madrid et en 2017, le Centro de Arte 2 de Mayo de Madrid a reproduit ce qui était ses deux premières expositions. En 2019, il a exposé aux Rencontres d'Arles.

Il a reçu le prix Kaulak de photographie de la mairie de Madrid (2009) et le prix de la culture dans la catégorie photographie de la communauté de Madrid (2018).